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carnets 2 cousins
29 mai 2009

De la frontiere chilo-argentine à la frontière argento-chilienne: Chile Chico à Pino Hachado

Nous voilà avec un trentenaire et un jeune encore dans la vingtaine qui retrouvent leur moto à Los Antiguos en Argentine. Le confort de la jeep a été appréciable sur la "caretera australe" chilienne humide et enneigée mais quel plaisir de retrouver nos bécanes!

Nous démarrons avec un soleil radieux en contournant le lac San Martin. A l'estancia Cerrito nous retrouvons Edgardo et les gauchos qui nous avaient remorqué quelques semaines auparavant de Bajo Caracoles à Sarmiento. Nous partageons un maté, puis nous dirigeons vers un passage de frontière isolé en espérant passer à moto au Chili. Nous avons beau leur romancer notre voyage et leur assurer que nous reviendrons vendre les motos en Argentine, nous sommes poliment refoulés! C'est une déception car nous ne connaîtrons pas les paysages de Puerto Ibañez à Pumalin et des villages australs comme Puyuapi. De retour à la ferme Cerrito, les « gauchos » nous remonterons le moral avec un bon « asado » et nous partagerons leur chambre.

Nous sommes de plus en plus à l'aise sur ces chemins de graviers et nous prenons plaisir avec le balancement de la moto. Une fois le soleil disparu, nous nous arrêtons dans une ferme ovine au milieu d'une vallée magnifique pour demander l'autorisation de camper. Nous serons gentiment redirigé vers le village le plus proche.

A l'entrée du prochain village, Facundo, le mécanicien nous propose de camper dans son jardin. Nous prendrons un maté animé avec ses 11 enfants dont la dernière de 2 jours née 30 ans jour pour jour après le Pancho! Nous nous retrouvons professeur de mathématiques et de dessins et les accompagnons faire des courses où nous serons assaillis de questions sur notre voyage et où il nous raconterons une multitude d'anecdotes sur leur grande famille. Nous sommes clairement attendris par tous ces petits et cette famille modeste si nombreuse.

En vérifiant le liquide de refroidissement je remarque qu'il est vide et notre hôte mécano m'apprend que le gel a fendu la chemise du moteur comme le prouve l'eau dans l'huile et le bruit métallique que fait la moto (qu’il me fait entendre très clairement avec un bout de bois entre le moteur et mon oreille). Il est très dangereux de rouler car le moteur peut serrer d'un moment à l'autre. J'apprends la mauvaise nouvelle au cousin qui est sceptique. Nous décidons de téléphoner à Marcelo qui entend par téléphone le piston faire un bruit anormal même s'il est sceptique sur la bonne foi du garagiste. Mais notre garagiste nous propose une solution miracle ; à savoir que son ami chef d'atelier d'un concessionnaire de la ville la plus proche accepterait de faire passer le changement des 2 pistons comme garantie d’une de ses motos et nous permettrait ainsi de diminuer le prix de 1300 à 500 euros! Sceptiques mais ayant peur de serrer le moteur, nous rappelons Marcelo et le passons au mécano afin qu'il sache déceler si la panne est réelle ou non. Marcelo se rend compte en 2 minutes que notre hôte est un usurpateur et nous déclinons ainsi poliment sa solution. Le mécano nous dévoile ensuite ses dons miraculeux que sa foi en Dieu lui donne et nous dit que pour 120 euros la moto sera réparée demain matin... Nous déclinons à nouveau sa solution miracle mais l'écoutons jusqu'à 2h du matin nous parler de sa foi et de ses dons!

Le lendemain, les 2 amateurs mécanos que nous sommes vont écouter le bruit du moteur qui semble distinct de la veille... Nous avons hâte de le voir effectuer ses prières sur la moto mais il nous dit qu’il s’en est déjà chargé depuis son lit et que la moto n’a plus de problèmes. Nous prenons ainsi la route d'Esquel.

Je démarre confiant car je ne l’imagine pas nous laisser partir avec une moto sur le point de sombrer. J’assume ce risque que Pancho aurait préféré ne pas prendre et nous démarrons sous tension. J’écoute la moto et il est vrai que persiste un bruit métallique mais à l’heure du déjeuner elle fonctionne toujours ! Un mécano nous dit que le cylindre arrière ne fonctionne pas… Nous montrons la bécane à deux autres mécanos ; un entend un bruit pas net, le deuxième entend du bruit dans l’embrayage... Quelques kilomètres plus tard la moto sonne véritablement et je commence à prendre peur que la transalp lache. J’appelle Mariano de Comodoro qui nous dit qu’un bruit métallique n’est à priori pas grave (on remarquera plus tard que ce sont les visses mal ajustées des défenses de la moto qui sonnent…). Nous continuons donc peu rassuré et atteignons sans encombre Esquel où nous montrons la moto au Churri, un vrai mécano de moto. Le diagnostique est clair : La moto n’a pas de problème moteur! Notre hôte de la veille n’était qu’un charlatan qui nous aura fait bien peur pendant 24h mais qui n’aura pas réussit à nous soutirer le moindre peso.

Nous sommes toujours passés entre les gouttes mais ce samedi 20 mai, des trombes d’eau se déverse sur Esquel. Nous passons une journée entre la rédaction du blog et les magasins d’équipement de pluie. Nous ne trouvons pas de tenues adéquates si ce n’est des bottes en caoutchouc. Nous continuons donc avec nos kway « made in China » et nos peaux de moutons mais nous pourrons changer les sacs plastiques par les bottes et devront avoir les pieds secs !

1_rencontre_cyclistes_motards

Heureusement le lendemain le ciel se calme et nous arrivons au Parc National Les Alerces (arbres millénaires de la région). Nous commençons la visite du Parc par la dégustation de produits régionaux… Nous longeons de superbes lacs et déjeunons en bordure d’une rivière verte émeraude, la préférée de Mercedes de Buenos-Aires.

3_d_dicace_pour_Mercedes

Le festival de couleurs d’automne et de lacs déclinant tous les dégradés de bleu se poursuivra tout au long de l’après-midi. Nous remorquons jusqu’au garde forestier un responsable de laboratoire pharmaceutique qui a crevé avec ses clients cubains, bloqué au milieu de la nature où le passage moyen en cette saison est de 2 véhicules jour. Cela nous fait réaliser la chance que nous avons de n’avoir eu aucune crevaison ni problème mécanique parmi ces étendues désertes que nous traversons depuis 7000 kilomètres.

La pluie glaciale se transforme progressivement en neige.

8_No_coment

Le paysage si joli nous fait oublier le froid et nous atteignons Epuyen bien heureux de cette superbe journée. Nous arrivons au Refuge du Lac d’Epuyen chez Jacques, un français guide de montagne qui est venu s’installé il y a quelques années ici. Nous partageons nos produits régionaux et les succulentes lasagnes de Jacques et sommes fascinés devant les descriptions de toutes les excursions de la région. Le lendemain matin la pluie est torrentielle et nous patientons en bouquinant. Une amie de Jacques est bloquée par les chemins boueux dans sa ferme et elle doit faire appel à Marcos et son 4*4 pour l’amener au Refuge du Lac. Nous parlons avec Marcos qui aime bien les motos et il appelle son beau-frère Klauss qui organise des excursions à motos afin que nous le rencontrions à Bariloche. Une éclaircie en fin d’après-midi nous décide à prendre la route. Ce n’était sans compter sur l’Africa qui n’a plus du tout de batterie. Tant bien que mal nous arriverons à la démarrer et les chiens nous remercient de la visite en trouant la peau de mouton qui me sert de jambière et en déchirant le pantalon de pluie du Pancho…

Au Bolson, le dernier village « hippie » d’Argentine (qui n’a rien à voir avec le Katmandou des années 60), nous apprenons que la route s’est effondrée un peu plus loin et que toute circulation est coupée ! Nous continuons jusqu’au lieu dit Foyel où de nombreux véhicules sont bloqués, il n’y a donc aucun lit de disponible. Un restaurant nous offrira de dormir dans la salle, il faut juste attendre la fermeture avant de se mettre dans nos duvets. C’est un couple fascinant même si c’est clairement elle qui dirige… Elle cuisine des confitures et des conserves, elle ramasse des champignons, elle sculpte le bois et beaucoup d’autres produits qu’elle vend sur les marchés. Il travaille la terre des voisins avec ses bœufs qu’il a dressés et ainsi ils ont achetés les matériaux et construit le restaurant en famille. Ce soir il fait froid et humide, pas un client apparaît sauf les deux cousins qui goûtent les conserves de sanglier et de truite ! Ils nous invitent à partager leur repas et nous avons un super échange avec toute la famille jusque tard dans la nuit.

Il faudra attendre 16h pour qu’une voie de la route soit réhabilitée et que nous puissions passés. Nous retrouvons Klauss à l’entrée de Bariloche et il nous invite à dormir chez lui. Cadre chez Unilever pendant de nombreuses années, il a décidé de changer de cap et de déménager en Argentine avec femme et enfants. Amateur de montages vidéo, les « Piyus » (les passionnés de motos anciennes que nous avions rencontrés sur Buenos Aires) lui ont demandé de suivre leur périple de la route 40, de La Quiaca à Ushuaia. Ce voyage fascinant lui à donner envie de monter sa boîte et aujourd’hui il propose des excursions à moto. Il vit donc 8 mois sur sa moto en vadrouille et 4 mois sur les skis en famille !

15_Klauss_et_ses_enfants_

Avec ces échanges fascinants nous ne resterons pas une nuit mais trois ! Francois, se sentant vraiment bien chez Klauss, attrape une gastro-entérite et nous resterons une quatrième nuit …

Les chevauchées à moto commençaient à nous manquer et nous sommes heureux de prendre la route sous le soleil (rare en cette saison des pluies). La vallée enchantée est superbe. Nous atteignons « San Martin de los Andes » où François a le plaisir de voir la finale de la coupe de champions Barça vs Chelsea. Nous arrivons au Parc National Lanin quand le soleil lui se couche. La température tombe rapidement et nous nous arrêtons au premier campement silvestre pour planter la tente. 

27_Volcan_Lanin

Le lendemain nous vadrouillons dans le Parc et la vue du volcan Lanin enneigé est magnifique, surtout avec ce cheval blanc juste devant ! Nous nous arrêtons dans une école d’agriculture et un professeur très chaleureux nous fera visiter l’intégralité des locaux et des productions. Il nous apprend ainsi que les lamas se domestiquent très bien contrairement à leurs cousins les guanacos et qu’ils essaient de promouvoir leur élevage à la place des chèvres qui désertifient la région. Nous apprenons aussi que les élevages de cerfs ne sont pas pour la viande mais pour récupérer un liquide aphrodisiaque des bois qui sera payé une fortune par les japonais ! Nous avons pris un peu de retard pour attraper le seul bus du week-end qui nous amènera dans la région des lacs chiliens. Nous roulons de nuit en remontant un canyon et atteignons Alumine ou nous dormons sur une mini plage en bordure de la rivière.

Ce matin, on part avant que le soleil perce ; la route est encore entièrement gelée.

41_Une_des_plus_belles_routes_que_l_on_a_fait_

On est rassuré de rouler avec des pneus arrière neufs ! Vous n’imaginez pas la différence de température entre les tronçons de route à l’ombre et au soleil, du sang qui ne circule plus au coup de soleil instantané ! Nous essayons de grimper un volcan jusqu’au cratère mais la neige nous l’en empêchera. Nous faisons rêver les douaniers avec notre voyage mais ils nous refusent encore une fois de passer au Chili avec les motos à notre nom ! Nous accélérons car il  nous reste moins de 2h avant le bus qui se trouve à 60 kms de chemin de terre. J’avais presque oublié ce sentiment de pression… La vallée est magnifique avec ces arbres si graphiques, les araucans qui habillent la cordillère. Il est difficile de ne pas s’arrêter pour contempler le paysage !

45_araucans

Nous arrivons à Pino Hachado à l’heure du départ du bus et nous laissons les motos chez Hernan, un ami de Klaus qui a des chiens de traîneaux.

Par radio il demande au bus de nous attendre au passage de frontière et le chauffeur nous acceptera en enregistrant un seul passager et en gardant le tarif du deuxième pour son café…

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