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carnets 2 cousins
22 juin 2009

D'une folle décision à une grande déception

Après quelques appels téléphoniques, François décroche un rendez-vous chez Lorca, notre pinot argentin préféré. J’ai une autorisation du boss de chevaucher son Africa Twin et c’est un plaisir d’avoir un peu de puissance dans la poignée ! Nous longeons des salines puis nous allons tester les motos dans des dunes de sable. On se rendra vite compte qu’elles ne sont pas vraiment faites pour des terrains trop meubles, d’autant plus avec nos 30 kilos de charge ! Mais on prend tout de même un certain plaisir à se balancer dans les dunes où est passé le Dakar.

On descend au fond de l’étroit canyon Atuel peint de couleurs vives. La route est magnifique (allez voir dans la vidéo des caméras embarquées de votre blog favori) ! Un barrage immense termine le canyon et nous rejoignons rapidement notre premier vignoble sur San Rafael pour arriver 5 minutes en avance au rendez-vous après 7 heures de motos !

Nous sommes déçus de ne pas trouver le propriétaire qui avait proposé 16 heures et non pas 6 heures… Nous rejoignons l’auberge de jeunesse où nous rencontrons des jeunes de Rosario qui partagent leur « asado » et nous aident à griller le notre (c’est vrai que même 2 carnivores comme nous se sentent un peu novice pour cuire la viande en Argentine). On se joint à eux pour sortir, et c’est un vrai plaisir de retrouver la civilisation avec des argentins pleins d’énergie. Depuis le 5 mars ou nous avons quitté Buenos Aires, nous sommes sortis pour les trente ans de Pancho et ce samedi 13 juin ! Maigre pour deux fêtards comme nous… Et incroyable, c’est viable !

Nous retrouvons Alexandre Lorca (le fils) ce dimanche matin qui nous fera une visite très complète du vignoble. A la dégustation, le pinot se démarque, étonnant dans cette région semi désertique ! Nous partageons le coup de cœur d’Alexandre : le Tempranillo réserve.

Nous allons visiter « Algodon », nouveau vignoble développé autour d’un golf avec un marketing tapageur. Si nous sommes sceptiques sur cette démarche, ses vins se sont tout de même accaparés en quelques années, une place dans les meilleurs crus de San Rafael. La visite commerciale n’est même pas à mentionner mais le déjeuner sous les oliviers en bordure du 9 trous nous a mis en joie ! A moins que ce soit ce soit cet onglet et ce chevreau succulent accompagné du meilleur cru de la propriété… Vin, mets de choix et golf, la combinaison gagnante de mon parrain !

Nous recevons un message de notre ami Boni qui nous propose de se joindre aux Piyus pour leur voyage de Jujuy (Nord Argentine) à Manaus (Amazonie Brésilienne). Jujuy est tout de même à 1600 kilomètres au Nord, nous avons des pneus avants lisses, la transmission de la Transalp est en fin de vie, notre assurance ne couvre ni la Bolivie ni le Brésil et la sortie de nos motos du territoire argentin est incertaine… avec un départ dans 3 jours ca semble compromis ! Nous décidons donc de foncer !

En fin de journée, nous retrouvons nos amis de Rosario à l’auberge de jeunesse et comparons nos meilleures fioles découvertes dans la journée… un vrai bonheur ! Je me souviens notamment d’une de leur trouvaille mixant 4 millésimes et proposant un vin puissant, un délice ! Nous profitons à nouveau de la vie nocturne de Saint Raphael qu’il serait inutile de détailler ici…

Le lendemain nous nous arrêterons dans la cave Bianchi pour acheter quelques fioles des vignobles de San Rafael que nous n’avons pas eu le temps de visiter : Nous prenons la route avec des bouteilles de rouge dépassant de nos filets de protection… C’est avec cette allure et notre interprétation des règles de circulations que nous nous faisons arrêter à un barrage de police, tristement connu pour soutirer quelques pesos aux motocyclistes. Nous n’échapperons pas à leur payer leurs cafés et bières de la semaine…

Nous préférons le village de Maipu que la capitale Mendoza. Nous trouvons une famille avec quelques chambres, assez gentille pour vider leur mini garage pour faire rentrer nos deux motos… elle est loin l’insouciante Patagonie ou nous n’utilisions pas les cadenas !

La matinée est pesante entre les assurances, les pièces détachées et les douanes… cette ville de Mendoza dégage pourtant un savoir vivre qui nous ferait bien poser nos valises quelques jours. Nous profitons d’un « locro » (plat typique à base de maïs) en terrasse et prenons la route qui s’annonce longue !

Nous nous couchons à minuit dans un village de La Rioja et à 5h30 du matin nous nous réveillons avec l’ambition d’atteindre Salta, 1000 Kilomètres au Nord ! Après 250 kilomètres de nuit nous sommes gelés et quand l’aurore pointe à l’horizon, nous nous autorisons une pause café. Je parlerai très peu de la route avalée à toute vitesse… heureusement elle est globalement asphaltée et en pas trop mauvais état. Il est 11h30 du matin et les flics qui nous arrêtent sont bien plus volubiles que les précédents. Ils nous conseillent leur établissement référence pour déjeuner dans le prochain village. A l’entrée de ce même village, un policier nous fait des grands signes et je me demande quelle infraction a-t-il pu me voir commettre… Il nous propose un barbecue avec ses collègues du barrage précédent ! C’est la mort dans l’âme que nous déclinons cette invitation, voyager à cette vitesse nous prive de belles rencontres. Mais c’est notre choix que de vivre deux semaines avec des motards argentins à travers l’Amazonie.

Le restaurant est simple et propose 9 plats pour une somme modique de 2 Euros ! Après ce festin je m’endors littéralement au volant et nous nous arrêtons pour 3 cafés vitaux. Nous atteignons Salta à 18h30, soit 940 kilomètres en douze heures de route (dont 2 heures de pause déjeuner…). Nous retrouvons Carlos, un ami d’ami motard qui nous trouve une auberge et nous emmène déguster les meilleures « empanadas » de la ville dans un restaurant tout simple… succulentes ! Il nous met aussi en contact avec un garagiste de confiance car la nouvelle batterie de l’Africa ne marche que par intermittence et que la transmission de la Transalp est en fin de vie.

Ce sera une journée inintéressante entre les garagistes, les magasins de pièces détachées, les notaires et les consulats afin d’assurer la sortie des motos du pays…

Le grand jour ! Nous retrouvons les Piyus à l’aéroport de Jujuy cette après midi ! Nous prenons la route de la corniche qui relie les capitales Salta et Jujuy. Route superbe où j’ai une pensée pour le troisième cousin de la cuvée 79, le Guillaume ! Il se régalerait tellement à moto sur cette route canon qui rappelle la Martinique !

Nous faisons la connaissance de Roberto Livingston, venu avec le véhicule de soutien. Puis un à un les Piyus débarquent. Nous en avions rencontré une bonne partie chez Luccio quelques mois auparavant. Nous allons retrouver toutes leurs motos à l’hôtel et grimpons directement chez un de leurs amis, un ancien comptable de Buenos Aires qui a décidé de changer de vie. Il a construit une maison magnifique sur une colline au carrefour de trois vallées. La vue est unique et nous avons le plaisir d’avoir un fromage frais et de succulentes gousses d’ails imbibés de vinaigre, suivi d’épaisses lasagnes aux épinards.

Le départ est matinal est l’excitation est palpable avec tous ces motards se dépassant comme des gamins, se mettant debout sur leur monture ou s’arrêtant constamment pour se filmer et se prendre en photos.

Nous atteignons la frontière en début d’après-midi et je vous passerai les détails de cet affreux concours de circonstances qui nous voit bloqués alors que nos amis continuent en Bolivie. Nous avions pourtant réalisé l’ensemble des formalités administratives demandées par les douanes ! Après le départ des Piyus, c’est complètement abasourdis que nous rencontrons les passeurs du village pour une entrée illégale en Bolivie. Ils nous feront réaliser le risque de notre entreprise et la possibilité de perdre nos motos une fois en Bolivie.

Têtu pour têtu, nous retournons à la douane et le nouveau fonctionnaire nous autorise à passer si nous avons un pouvoir en règle. Nous l’avons ! Mais au nom de Roberto Livingston, déjà loin sur les routes boliviennes. Ranga, le père de notre passeur et son ami Santiago, acceptent de passer les motos. Même si ce sont des amoureux de la bouteille notoire, nous tentons le tout pour le tout. Cette démarche inespérée échoue entre Santiago qui s’est volatilisé et les douaniers qui connaissent que trop bien Ranga. Nous nous rendons à l’évidence, ce voyage incroyable à travers l’Amazonie se fera sans nous ! Nous nous consolerons en fêtant les 60 ans de Ranga autour de bonnes grillades. Puis nous prenons la route du Sud.

Nous serons passés de l’excitation, depuis cette folle décision de rejoindre les Piyus pour faire un détour amazonien, à cette immense déception de se voir bloquer pour des détails administratifs. Il est temps de rassembler notre optimisme et notre énergie car les Provinces de Salta et Jujuy regorgent de routes magnifiques traversant des immensités montagneuses.

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