Un coin du monde

Les motos sont au parking et nous montons a bord de Makao, devenu mythique pour nous depuis quelques mois. Makao, Francois l'aura vite compris, c'est MAthieu, KAtell et h2O...

Ils nous font rêver Kat et Mat a voyager pour une période indéterminée (ils parlent de 3 ans et demi aujourd'hui...) autour de leur passion commune, la voile! Et comme ils prévoient de travailler sur certaines escales, ils ont la souplesse de moduler cette tranche de vie autour du monde. Vous allez me dire que nous aussi on est pas a plaindre en cette année 2009 entre cousins itinérants a moto, en montagne et a vélo... si douze mois s'averent déja court pour atteindre l'Alaska, nous sommes emballés par ce changement de rythme de vie, ces paysages immenses et ces rencontres qui nous ouvrent tant de perspectives.

Les motards a bord essaient d'apprendre deux trois notions de prise au vent sous les ordres du cap'tain Mateo. La seule qu'ils connaissent étant de se pencher contre le vent a moto afin de ne pas passer sous les roues d'un camion!

Sur cette traversée du canal de Beagle, nous découvrons Violaine et Paul Edouard (Pauled pour les intimes) avec qui nous nous passerons une super journée, un díner animé a bord, une baignade nocturne et un "pisco sour" au bar du mythique Micalvi (épave militaire chilienne servant de ponton aux voiliers).

Nous sommes arrivés a Puerto William faisant partie de la commune du Cap horn, la plus australe du monde contrairement a ce qu'affirment nos amis argentins... Le village est plus joli qu'Ushuaia, bien plus calme aussi.

Le jour suivant, nous mettons le pied a terre sur cette île de Navarino qui est une pure merveille naturelle avec ses célebres "dientes" (dents) et ses nombreux lacs. Nous nous échauffons avec l'ascension du "Cerro de la Bandera" (Pic du Drapeau). Le soir, bien décidé a dormir sous la tente, nous faisons du porte a porte jusqu'a rencontrer Edwin qui nous laissera un bout de gazon devant son refuge "El Padrino" (le Parrain).

Ca y est, c'est le vrai départ pour notre premier trekking! Les locaux ne connaissent pas la ballade et nous indiquent un détour, les marques ont disparues et notre carte est plus qu'approximative... nous serons bon pour une détour de 3 heures sous la pluie avant de trouver enfin la premiere marque. Nous débutons par une montee en forêt puis par des sols tourbeux envahis par les castors et leur barrage (qui utilisent les piquets d'indication...). Ces barrages construits minutieusements entraîneront une question de mon cousin préféré: "Mais qui donc a bien pu construire ces barrages?" ... Cela fait 8 heures que nous marchons et nous atteignons enfin le paso Alinghi surplombé par "los dientes de Navarino"... magnifique mais le soleil a disparu et le vent froid se leve... nous ne traînons pas pour aller bouquiner sous la tente!

Bien reposé nous apprécions encore plus la beauté de l'endroit. La journée est superbe et pour atteindre le Lac Windhond, notre étape la plus australe, nous descendons une vallée entourée de pics rocheux et traversons une tourbiere de 6 kms. Fort des conseils des locaux, nous nous essayons a la pêche a la truite en et rentrons dans le lac gelé... en vain! Nous revenons bredouilles, ce soir ce sera donc soupe de légumes!

Nous montons au sommet Bettinelli qui nous semble être une formalité avec ses 880 metres d'altitude. Le début de l'ascension dans un sous bois boueux est tres raide. Plus haut nous avons une vue panoramique impressionante, des lacs limpides, quelques névets et nous terminons sur une superbe crête. Je ne sais pas si c'est le vent glacial, nos sacs bien trop lourds ou bien notre manque de forme... mais il faut avouer que nous sommes épuisés! Ce qui n'empechera pas "Pancho" de lancer un défi débile, se baigner dans la "laguna escondida" (lac caché)... on est pas peu fier de s'offrir un bain plus austral que Mathieu Menez qui lui est tombé de Makao devant un glacier!

Nous traversons des lacs plus beaux les uns que les autres mais la grêle nous interdit les  pauses ou nous nous gelons en a peine 2 minutes. Malgré le vent nous ferons une pause déjeuner a l'abri d'une bute et repartons de plus belle, bien décidés a franchir le col Virginie. Ce n'était sans compter la perte des marques et de la carte qui nous feront faire 21h de détour...

Mon Francois qui a bien mal au dos commence a s'inquiéter lorsque l'on s'endort quelque part dans la vallée Guerrico sans avoir la moindre idée de la ou se trouve ce col. Mais les souvenirs de son grand pere montagnard, de son beauf Jeff qui aime beaucoup ce type de randonnnée et des ballades dans les Alpes avec papa détendent un peu l'athmosphere. Nous jeunons tout de même ce soir la au cas notre détour se prolonge demain...

Une derniere ascension difficile, un déjeuner sur les rives du lac Guanaco et une descente horrible a travers un véritable jeu de mikados de troncs d'arbres, merci les castors! Apres plus de 80 kms, nous arrivons sous la pluie a Puerto William.  Nous sommes ravis et crevés de ce premier trekking qui nous a rendu humble par rapport a nos capacités... Nous avons eu beaucoup de chance avec le temps, surtout comparé a Katell et Mat ou Pierre et Sabine qui en plein été avaient eu une météo de tempête, courante dans cette région du Cap Horn.

A peine arrivés Edwin nous donne 2 bonnes nouvelles: demain nous pourrons embarquer pour une destination encore plus australe, Puerto Toro et il nous offre de loger dans la piece commune de son refuge a côté du poêle a bois! Sur le bateau nous rencontrons un couple argentin de biologistes: elle étudie les plantes, lui les oiseaux. Ils vont résider sur l'île de Navarino pendant 3 ans! Nous apprenons a reconnaître les pétrels géants, les albatros, les différentes especes de cormoran, et autres especes du coin. Puerto Toro est un lieux dit ou résident une disaine de familles de militaires et d'artisans pêcheurs de Punta Arenas qui viennent en célibataires pour 9 mois de l'année.

Aujourd'hui nous décidons de faire une pause, cela tombe bien nous sommes dimanche! Nous n'avons pas la moindre idée comment rejoindre Ushuaia car nous prohibons le transit en zodiac pour toutou (touristes). Nous partons pour une journée de blog et en chemin décidons de saluer Denis. Ce guide suisse a décidé il y a 15 ans de laisser sa librairie a Paris et de prendre une année sabbatique en amérique du Sud. Tel notre néné (Alexandre Gerardin) en Thailande sur Kosamui, Denis a finalement posé ses valises au Chili sur l'île de la Terre de Feu! Nous y resterons finalement jusqu'a 16 heures apres un "asado" (vous devez commencer a connaître ce terme de barbecue) de "bife angosto" et une glace a la vanille chocolat fondu comme a la maison! Nicolas et Claudia passent prendre un café. Ils naviguent dans ces eaux australes a bord du plus imposant voilier du coin, Vaihere. Ils nous accueillent a bord pour la traversée du Canal le lendemain.

Nous rejoignons sans plus tardé notre hôte Edwin pour soutenir le Chili qui joue en qualifications du mondial de foot contre la Bolivie. Nous le trouverons avec ses amis déja bien imbibés et aurons bien du mal a les suivre...

Le retour sur Ushuaia contre le vent sera agité, vous n'avez qu'a voir la tete du cousin qui se gele sur le pont... Nous serons chaleureusement accueilli par les matelots du Vailhere, des passionés d'aventure. Nico a investi dans ce superbe voilier avec son ami Eric il y a 5 ans et ils proposent des croisieres dans les canaux pour découvrir les glaciers, autour du Cap Horn et en Antartique. Leur vie nous font rêver!