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carnets 2 cousins
8 juillet 2009

Le Nord Argentine: les magnifiques provinces de Salta et Jujuy

Nous quittons Aguas Blancas, le cœur gros pour se rendre à Aguas Calientes. Nos amis de la frontière sont tous là pour nous souhaiter une bonne route et pour célébrer les 60 ans de notre dévoué Victorio.

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Chaque détail du paysage que l’on reconnaît nous rappelle que nous faisons notre premier demi-tour du périple. Nous nous ressourçons  dans les bains thermaux et pendant que François dresse notre maison mobile, je me rends au village voisin pour chercher du Fernet-Coca, notre boisson coup de cœur argentine. Nous passons une très bonne soirée à parler comme des minettes, nu comme des vers (on n’a toujours pas remplacé nos maillots de bain volés en Uruguay…), à manger quelques fruits entre nos nombreux verres de Fernet. Le réveil est “à la Depardieu” et nous avons besoin de quelques matés dans les bains thermaux pour nous remettre d’aplomb.

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Sur la route de Jujuy, on fait un crochet par un Parc National où il est étonnant de voir comment la végétation et le climat changent si rapidement avec l'altitude. On retrouve Javier, gérant de l’auberge où nous avions dormi avec les Piyus, afin qu’il nous renseigne sur les charmes de la Province de Salta. Il nous enchante en nous parlant des nombreux sites à découvrir. On décide de dormir dans une auberge gérée par un couple de français, Yves et Jean-Paul. Ils nous raconteront comment, las de la routine, ils ont vendu leur magasin et quitté leur responsabilité commerciale pour vivre autre chose, différemment.

Nous démarrons tôt depuis la vallée verdoyante de Jujuy et nous atteignons rapidement la haute vallée sèche de Humahuaca. Le premier village traversé est construit entièrement de briques séchées au soleil et dégage une atmosphère de western. En grimpant vers le cimetière, je m’arrête époustouflé devant un lama ; c’est la première fois que je me trouve nez à nez avec ce camélidé que j’ai connu il y a 23 ans dans Tintin et le temple du soleil!

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La montagne des sept couleurs entoure le village de Purmamarca et ces minéraux de toutes les couleurs si proches des uns des autres sont impressionants. Dans le village de Tilcara où la falaise ressemble étonnamment à une palette de peintre, nous découvrons le vignoble le plus tropical argentin, Punta Corral. Dans ce cadre splendide, sous les oliviers au milieu du vignoble, le vin est juste parfait !

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De village en village, de détour en détour nous explorons chaque recoin de cette vallée colorée ou les cactus Cardon marquent le paysage.

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Nous franchissons le tropique du Capricorne puis nous dévions vers des chemins de terre pour grimper jusqu’au village andain de San Isidro (spéciale dédicace à la famille Delort et à Tucu). François sur la Transalp se traîne, et pour cause, la bécane avance à peine et cale à 3400 mètres. Ce modèle Transalp 2006 a un injecteur d’essence un peu grand et il lui manque donc de l’oxygène en altitude pour la combustion de l’essence. Nous faisons donc demi-tour de nuit jusqu’aux prochaines habitations. En cherchant la porte de la ferme je m’embourbe dans le lisier de porc et la fermière sort bien inquiète de ces deux motards (nous sommes sur une route transitée uniquement par les locaux où très peu d’étrangers s’aventurent). On la rassurera tant bien que mal et elle nous dirigera vers l’école où nous sommes très bien accueillis par le directeur. On aura même le droit à un bon repas et des matelas dans le réfectoire.

Au petit déjeuner, François et moi présideront chacun une table d’élèves où nous sommes surpris de voir que les enfants mangent dans un silence absolu. Après le lever du drapeau salué par l’hymne argentin, nous échangeons avec les élèves sur notre parcours et leur donnons un cours de français.

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Nous partons à l’assaut du col à deux sur l’Africa Twin et c’est sans soucis que nous franchirons le col à 4000 mètres d’altitude.

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La descente sur Iruya est splendide tout au long des 1600 mètres de dénivelés. La piste de terre s’arrête mais nous tenons absolument à rejoindre le dernier village de San Isidro par un bras de rivière sec à cette époque de l’année… La moto aura du mal à garder son équilibre sur ces pierres non stabilisées ; on atteindra finalement le village bien trempé. Le retour sera fatal à Pancho qui voulant éviter de se mouiller les pieds perdra l’équilibre en plein milieu de la rivière… dégoulinant et avec un rétro viseur en moins nous retrouvons la piste.

Nous arrivons juste avant la fermeture du seul garagiste de Humahuaca, afin qu’il nous aide à bricoler la Transalp pour qu’elle roule en altitude. En effet, les plus belles routes passent par des cols jusqu’à 5000 mètres ! Sous ses conseils, on enlève le filtre à air… Et il est vrai que le lendemain on franchit un col à 3800 mètres sans soucis. Nous atteignons La Quiaca qui relie Ushuaia par les 5121 kilomètres de la route 40 !

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Notre ami Marcelo (le meilleur garagiste moto en Argentine…) nous met en garde contre les dangers de rouler sans filtre à air avec de la poussière. A la fin de l’asphalte, nous repositionnons donc le filtre et retirons l’arrivée régulée d’air. Nous contournons la jolie chaîne de « montagnettes » des 8 frères qui est éblouissante au coucher du soleil. Le soir nous sympathisons avec un couple de Cordoba passionnants. La discussion animée passera en revue les injustices subies par les indigènes et les multiples significations de la whipala (drapeau des indigènes).

La Transalp semble essoufflée dès le départ. Elle grimpe péniblement jusqu’à 4200 mètres, déjà 800 mètres de mieux qu’hier mais ça ne suffira pas avec un col à 4500 mètres. Nous faisons donc demi-tour jusqu’au village le plus proche où nous nous dirigeons vers la seule maison avec de la fumée. Nous trouvons 5 enfants très timides qui vont chercher leurs parents. Le père, Thomas, accepte gentiment de mettre la Transalp dans son garage et nous repartons donc en tandem sur l’Africa. La route trace un filin bien étroit sur ces montagnes immenses.

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Après 3 heures de trajet, nous nous arrêtons déjeuner au milieu d’ânes et nous nous demandons comment il est possible d’établir un village si isolé. C’est en fait par le lit des rivières, à pied ou à dos d’ânes que les gens se déplaçaient. Santa Victoria a ainsi toujours été connecté à un village au Nord qui aujourd’hui est devenu bolivien. Je prends le guidon et on est reparti. La descente vers Santa Victoria a commencée et le précipice sur le bas-côté est toujours aussi impressionnant. On discute des dangers de cette route et de notre prudence en roulant tout doucement, je me vois accélérer et aperçois une pierre au milieu du chemin. Je pense l’éviter mais la moto est projetée vers la gauche et nous chutons violemment, heureusement du côté montagne ! Je ne sens pas trop mes membres mais je m’inquiète de Pancho qui se plaint de sa jambe. Après une belle frayeur on se rend compte que rien de grave est arrivé. Un véhicule s’arrête et embarque Pancho avec les miettes du top case. Je redresse le guidon et repars aussitôt pour rejoindre Santa Victoria. La pression descend, on est entier et c’est là bien le principal. Je ressasse notre discussion au moment de l’accident sur les dangers de la route, mon accélération, la pierre et la chute !

J’attends Pancho au village qui descend tout courbaturé du pick-up. Nous logeons chez Hugo, un retraité d’origine maghrébine et aide soignant à l’hôpital. Il nous y emmène pour vérifier la jambe de Pancho qui aura le droit à une belle piqûre dans la fesse gauche.

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Après ces émotions, nous décidons de prolonger notre séjour à Santa Victoria, après tout c’est dimanche ! De plus, c’est le jour des élections législatives qui animent le village. Notre hôte Hugo et nos remorqueurs Dante et Alberto sont tous impliqués dans cette échéance démocratique qui se tient dans la cour de l’école. Malgré nos tentatives répétées, nous ne réussirons pas à voter et témoignons ainsi de la rigueur des élections argentines !

François se joint au professeur pour une escapade à moto jusqu’au village voisin alors que je grimpe la montagne surplombant le village. Je passe un moment unique entre le silence du lieu et les couleurs de la fin du jour. On convie nos amis du village à dîner pour les remercier de leur accueil chaleureux.

C’est à l’aube que je monte à l’arrière du pick-up de Dante en compagnie d’une candidate député pour retourner à Chaupe Rodeo où se trouve ma moto. Dans ces conditions rudimentaires, je réalise que la politique n’est pas partout « bling bling » …

Nous retrouvons la Transalp chez Thomas alors qu’il dépèce un lama tout juste égorgé en compagnie de sa femme.

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Il nous prie de bien vouloir rester à déjeuner et nous sommes ravis de découvrir la viande de lama. Accueillis comme des princes, ils voudront nous servir (même habitude qu’en Chine) mais nous insistons pour partager ce festin en leur compagnie. Nous commencerons pas une assiette bien trop grande de tripes et terminerons pas des côtes salées citronnées succulentes. Pancho aura la lourde responsabilité de ramener leur fille à La Quiaca sur l’Africa. Nous irons dîner à Villazón en Bolivie où nous sommes étonnés de franchir le pont frontalier sans montrer nos passeports. Nous y dégustons nos premières bières boliviennes.

J’espérais que mon étourderie chronique (que je tiens de mon père, cela ne lui déplaise…) s’en irait avec la décontraction du voyageur… mais rien à faire, j’ai encore oublié mon casque dans le pick-up de Dante. Je fais donc un détour rapide par la Bolivie pour acquérir le casque le moins sécure mais du plus beau jaune vif ! Le style avant tout s'il vous plait !

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Nous partons pour Santa Catalina et, avec ma Transalp à bout de souffle, nous avons tout le temps de profiter des paysages rosés de ces routes à plus de 4000 mètres. Nous arrivons à Santa Catalina où nous nous rendons à la maison de Don Cesar et Dona Blanca en train de déjeuner. Nous ne saurons refuser une part de ce « guizo » (ragoût) de lentilles succulent, où Dona Blanca nous dévoilera sa recette avec du « charqui »  (viande séchée salée) de lama. Nous lui parlons de gastronomie, de notre grand-mère Tita cordon bleu et à notre plus grand plaisir, elle propose de nous démontrer que l’agneau de la "puna"s  (hauts plateaux argentins») et bien meilleur que l’agneau patagon… paris tenu et rendez-vous au dîner !

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C’est en tandem que nous partons pour le village argentin le plus septentrional, l’Angosto. Le fil de l’Angosto, route longeant un précipice et traversant un canyon rouge, est sublime.

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Nous nous arrêtons à l’école où les professeurs et les élèves nous ferons une visite guidée et nous offrirons le goûter. Nous rentrons juste à l’heure du dîner pour un gigot fondant sous la langue… exquis !

Cette fois, nous avons réellement traversé l’Argentine de sa ville la plus australe à son village le plus septentrional ! Nous reprenons la route du Sud par la « puna » d’une altitude moyenne de 3800 mètres. Nous longeons la lagune salée des « Pozuelos » où nous profitons des sols mouvant pour se faire de bonnes sensations de motos, jusqu’à ce que François dérape dans la vase et que je passe à travers la glace d’une rivière gelée.

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En fin de journée, nous retrouvons la route 40 désertique et ensablée et maintenant que nous sommes rodés aux chemins instables, c’est un vrai bonheur de prendre de la vitesse. Nous atteignons les grandes salines alors que le soleil se couche et nous en profitons jusqu’à la dernière particule de lumière.

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Le village de Susques tout en terre est tellement d’un autre temps que nous déambulons dans les rues sous les prises de vues de la caméra de Pancho. Le réseau motard fonctionnant bien, nous entendons parler d'un passionné de Transalp qui a mis au point un filtre à air spécial pour les Transalp 2006, il nous attend sur Jujuy. Ce n’est pas du tout notre route mais l’idée de pouvoir grimper les 5000 mètres de la route mythique du col d'Acay nous incite à changer de trajet. Nous passons à nouveau par les Grandes Salines, puis par la splendide vallée de Lipan avec ses précipices vertigineux.

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Nous arrivons chez Miguel et, deux minutes après avoir enlevé sa cravate, il est sur la Transalp pour changer le filtre à air et régler de nombreux détails. Il nous assure qu’ainsi nous pourrons grimper le plus haut col argentin, en première sans doute mais nous y arriverons !

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C’est au lever du soleil que nous prenons la route de la corniche pour Salta, elle est toujours aussi belle dans le sens Nord-sud. Nous laissons les motos se faire une beauté en pensant à leurs ventes (et oui, nous allons quitter nos fidèles destriers à Buenos Aires) et nous profitons enfin de la magnifique ville coloniale de Salta. La fille de Miguel, qui a bien apprécié un « franchute » plus que l’autre… nous retrouve avec ses amis pour nous faire connaître Salta « by night » ! Le lendemain nous embarquons ces demoiselles en motos au village de San Lorenzo et sur la colline surplombant la ville. Nous faisons la connaissance d’un mec génial, Gérard, un Toulousain Malin ! Nous passons un super moment avec ce gars qui a quitté Airbus pour vivre plus tranquillement dans cette région magnifique du Nord Argentine. Passionné, il gère une agence de voyages à motos un peu comme notre ami Klaus de Bariloche. Nous passerons 3 jours géniaux avec lui et on espère bien qu’on pourra partager quelques kilomètres à motos un jour prochain !

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Nous retrouvons mon casque de motos (celui qui protège un minimum en cas de chute…) et Dante chez Alberto pour un « locro » (ragoût à base de mais) traditionnel dont sa femme est experte.

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En ce lundi 7 juillet, nous partons sur la trace du fameux train des nuages pour une des routes les plus spectaculaires selon les brochures touristiques. La route est belle certes, mais  pas aussi impressionnante que d’autres routes de la « puna » et de la faille d’Humahuaca. Nous réalisons notre chance d’avoir sillonné ces routes perdues des provinces de Salta et Jujuy. Après la ville de San Antonio de los Cobres, nous allons jusqu’au village de Sey par une route d’altitude avec de nombreux névés gelés. Nous voudrons atteindre le bord du cratère d’un volcan mais l’accès est fermé à cette époque de l’année.

Nous démarrons sans savoir si la Transalp atteindra le sommet du Nord Argentin, le fameux col d'Acay. Nous croisons des motards brésiliens en BMW bien mieux équipés que nous qui parcourent plusieurs pays d’Amérique Latine.

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La route commence sérieusement à monter et la Transalp est essoufflée. Déjà en première sur la Transalp, j’hésite à demander le remorquage à un pick-up mais têtu pour têtu je compte bien arriver en haut, même si je dois pousser la moto ! François croise un puma de quelques mois devant moi et je suis bien déçu de ne pouvoir m’arrêter, le risque est trop grand de ne pas repartir ! Le cousin le traque mais avec une bonne distance de sécurité car un jeune ne se ballade jamais sans sa mère… Ces sous l’œil de la caméra que j’arrive triomphant au 4895ème mètre du col d'Acay !

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C’est une magnifique clôture du Nord Argentine et nous avons hâte d’ouvrir à nouveau un carnet de cousin à peine entamé… les vignobles Argentins de Salta et Mendoza !

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